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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

voulu faire, à travers les gaucheries et l’ignorance des proportions.

Je ne parle pas du monument du maréchal de Saxe sous le rapport de l’unité d’impression et de style, il en est entièrement dépourvu, l’esprit ne sait où se prendre dans ces figures dispersées, dans ces drapeaux brisés, ces animaux renversés. Et pourtant quel sujet pour l’imagination d’un vrai artiste sur son seul énoncé ! Ce héros armé qui descend au tombeau son bâton de commandement à la main ; cette France, qu’il a servie, qui s'élance entre lui et le monstre impitoyable qui va le saisir ; ces trophées de sa gloire, vains ornements pour son tombeau ; ces emblèmes des puissances subjuguées, cet aigle, ce lion, ce léopard expirant !

— M. Janmot, qui vient me voir ce matin, médit, à propos des bonnes ébauches, qu’Ingres dit : On ne finit que sur du fini.

26 septembre. — Le matin renouvelé entièrement encore comme à l’ordinaire. Je sors de bonne heure. Je commence par l'église, monument gothique, restauré il y a un siècle et demi et dans lequel on a prodigué, suivant la mode du temps, les ornements à la Vanloo, comme à celle de Brive, les cannelures et les caissons à la grecque du commencement de ce siècle. Deux tombeaux magnifiques dans le chœur : celui de l'évêque couché et armé avec le squelette sous la table qui le supporte, et surtout celui du vieux mar-