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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

outre sa maladie de foie, d’une espèce d’asthme analogue à celui du pauvre Chopin.

— Le soir chez Mme de Forget.

— J’ai à peu près terminé, dans la journée, le petit Samaritain pour Beugniet[1]. Le matin, trouvé à peu près sur la toile la composition du plafond de l’Hôtel de ville.

Je parlais à Mme Sand de l’accord tacite d’aplatissement et de bassesse de tout ce monde qui était si fier il y a peu de temps : l’étourderie, la forfanterie générale, suivie en un clin d’œil de la lâcheté la plus grande et la plus consentie. Nous n’en sommes pas encore cependant au trait des maréchaux, en 1814, avec Napoléon ; mais c’est uniquement parce que l’occasion ne s’en présente pas. C’est la plus grande bassesse de l’histoire.

Mardi 3 février. — Dîné chez Perrin avec Morny, Delangle, Romieu, Saint-Georges, Alard, Auber, Halévy, Boilay[2], aimables gens : sa femme et sa belle-sœur. Cette dernière que j’ai vue pour la première fois est une femme fort aimable et dont les yeux sont charmants ; elle peint et m’a beaucoup parlé de peinture.

  1. Marchand de tableaux.
  2. Émile Perrin, qui était alors directeur de l’Opéra-Comique, avait étudié la peinture dans les ateliers de Gros et de Delaroche ; il avait également écrit des articles de critique artistique. Il devint par la suite directeur de l’Opéra, puis, en 1870, administrateur général du Théâtre-Français.
    Le comte de Morny avait donné le 22 janvier 1852 sa démission de