Page:Delacroix - Journal, t. 2, éd. Flat et Piot, 2e éd.djvu/68

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
54
JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

table, d’une scène attendrissante ; on dirait un irréparable regret, accueillant le cœur humain en face d’une incomparable splendeur de la nature. Contraste soutenu par une fusion de tons, une dégradation de teintes incomparable qui empêche que rien de heurté ou de brusque ne vienne faire dissonance à l’impression émouvante qu’il produit, et qui en même temps mélancolise la joie et rassérène la douleur.

Mardi 29 avril[1]. — Ton des enfants dans le tableau de Python. Après avoir cherché et massé avec des tons frais et demi-teinte en même temps, modelé à sec en mettant des clairs très empâtés de blanc et très peu de vermillon.

Sur les ombres, frotté le ton de vermillon, bleu de Prusse et blanc, lequel doit déborder pour faire la demi-teinte bleuâtre, et sur lequel, pour faire le reflet, on met le ton de blanc et vermillon avec antimoine ou cadmium, mais l’antimoine fait plus frais. En repassant ce reflet qui doit faire mieux à sec, il faut ajouter le ton de bleu de Prusse ci-dessus à l’antimoine.

Les tons de repiqués vigoureux dans les ombres ou de contours prononcés en brun avec vermillon et cobalt. Ce ton est excellent pour préparer et chercher

  1. Toutes les observations techniques présentées ici par le maître sur le Python, la Vénus, la Nymphe, la Minerve, la Junon, se réfèrent à la célèbre composition : Apollon vainqueur du serpent Python, qui décore le plafond de la galerie d’Apollon au Louvre. Nous avons donné dans le précédent volume la description littéraire faite par lui-même, de l’œuvre qui devait le plus contribuer à sa gloire.