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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

— Nous avons, dans notre promenade, observé des effets étonnants. C’était un soleil couchant : les tons de chrome, de laque les plus éclatants du côté du clair, et les ombres bleues et froides outre mesure. Ainsi l’ombre portée des arbres sur l’herbe naissante, laquelle était au soleil l’émeraude la plus chaude, était toute froide dans l’ombre portée des arbres tout jaunes, terre d’Italie, brun rouge et éclairés en face par le soleil, se détachant sur une partie de nuages gris qui allaient jusqu’au bleu. Il semble que plus les tons du clair sont chauds, plus la nature exagère l’opposition grise : témoin les demi-teintes dans les Arabes et natures cuivrées. Ce qui faisait que cet effet paraissait si vif dans le paysage, c’était précisément cette loi d’opposition.

Hier, je remarquais le même phénomène au soleil couchant : il n’est plus éclatant, plus frappant que le midi, que parce que les oppositions sont plus tranchées. Le gris des nuages, le soir, va jusqu’au bleu ; la partie du ciel qui est pure est jaune vif ou orangé. Loi générale : plus d’opposition, plus d’éclat.

Samedi 23 novembre. — Donné 10 francs d’avance au jardinier de Mme Desnous. Je suis convenu avec lui de 50 francs par an.

Paris, 26 novembre. — Réunion au Palais-Royal de l’ancien jury, pour dépouiller le scrutin relatif au Salon. Resté jusqu’au dîner.