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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

pas de ses portraits) qu’il n’avait pas toujours la hardiesse nécessaire pour revenir vivement et avec inspiration sur cette préparation où la demi-teinte domine un peu trop.

Il faut à la fois concilier ce que Mme Cavé me disait de la couleur couleur et de la lumière lumière : faire trop dominer la lumière et la largeur des plans conduit à l’absence de demi-teintes et par conséquent à la décoloration ; l’abus contraire nuit surtout dans les grandes compositions destinées à être vues de loin, comme les plafonds, etc. Dans cette dernière peinture, Paul Véronèse l’emporte sur Rubens par la simplicité des localités et la largeur de la lumière. (Se rappeler la Susanne et les vieillards du Musée, qui est une leçon à méditer.) Pour ne point paraître décolorée avec une lumière aussi large, il faut que la teinte locale de Paul Véronèse soit très montée de ton.

Mercredi 9 octobre 1850. — Donné au sieur Lacroix, pour Bourges, marchand de couleurs incendié, un petit pastel représentant un Tigre qui lèche sa patte[1].

Mercredi 16 octobre. — Des licences pittoresques. Chaque maître leur doit souvent des effets les plus sublimes : l’inachevé de Rembrandt, l’outré de

  1. Voir Supplément au Catalogue Robaut, no 309.