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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

Avant dîner, chez Mme de la Grange : c’est une aimable personne, pleine de l’envie d’être bonne et agréable. Ensuite dîné chez Chabrier ; je me suis peu diverti ; des lampes assassines, des bougies partout.

X… venu le soir de Saint-Cloud pour y retourner : quatre ou cinq mois ont beaucoup changé mon ami. C’est un homme qui a beaucoup perdu à se trouver dans la sphère où il est comme égaré, eu égard à ses opinions tranchées, au moins à celles dont il faisait parade.

Mme Chabrier me parle de la vie que mène Poinsot : rentré le soir vers minuit, — il sort presque tous les soirs, — il se déshabille et reste jusqu’à près de trois heures du matin sans se coucher, à penser et à se reposer. Il mange ensuite et va au lit immédiatement. Ne sonne son déjeuner que vers dix ou onze heures, reste chez lui sans recevoir jusque vers deux heures ; va à ses affaires. Dîne entre sept et huit heures, quand il dîne chez lui, et va dans le monde ensuite. Vieillard prétend qu’il n’a jamais beaucoup travaillé.

27 novembre. — Dîné avec Chenavard et Boissard. C’est toujours le même homme qui vous attire et vous repousse. Ce bon Boissard, en revenant, me disait qu’il le pratiquait depuis plus longtemps que moi et qu’il l’avait toujours trouvé tel.

Dans la journée chez Level, sculpteur, rue de Varennes. J’ai gelé l’allée et le retour et attendu sa