Page:Delacroix - Journal, t. 2, éd. Flat et Piot, 2e éd.djvu/497

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
481
JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

l’estime du spectateur, mais à la situation la mieux faite pour mettre à l’épreuve un grand caractère. Je ne dis pas que le rôle d’Achille, que prend ordinairement le coryphée du théâtre, soit inférieur à celui d’Agamemnon ; il est ce qu’il doit être, mais ce n’est pas celui-là qui fait l’intérêt de la pièce. Clytemnestre, Achille, Iphigénie, tous personnages frappants par la passion, par leur situation dans la pièce, mais qui sont en quelque sorte des instruments pour agir sur Agamemnon, qui le poussent, le pressent dans des sens divers.

Combien y a-t-il de gens qui réfléchissent à tout cela dans un spectacle ?… et à ceux qui sont capables de réfléchir, je demanderai si c’est le jeu des acteurs qui les a portés à se rendre compte de ces impressions diverses ?

22 octobre. — Travaillé un peu à l’Odalisque d’après le daguerréotype, sans beaucoup d’entrain.

Le soir chez Barbier ; Villot y était. Nous ne nous sommes pas dit une parole.

Augerville, 23 octobre. — Parti à sept heures moins un quart. Pluie. — Voyagé dans l’omnibus jusqu’à Villeneuve en face d’un ecclésiastique de la plus belle figure, un peu dans le genre de Cottereau. — Attendu pour le convoi.

Arrivé à Fontainebleau par la pluie et trouvé le cabriolet attelé. Route à travers la forêt, qui eût