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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

régulière, des forts élevés sur le rivage où il n’y a rien à défendre, la nudité de tout cela, la misérable vie que doivent mener là ces baigneurs, des hommes graves réduits à grimper à l’église et à en redescendre, des élégantes portant la mode du Tréport, c’est-à-dire des vestes rouge écarlate, voilà ce que présente le pauvre lieu pour attirer. On a construit sur la plage des maisons dont la recherche outrée contraste avec la pauvreté de l’endroit : galeries vitrées, petits boulingrins, etc.

Dîné sur le quai, chez un M. Letraistre, qui méritait bien son nom, par le mauvais dîner qu’il m’a fait payer très cher.

Monté, après dîner, à l’église ; on a, avant d’y entrer, une belle vue.

Querelle avec le cocher avant de partir ; il ne se souvenait plus, à ce qu’il disait, des conditions.

Retour dans l’obscurité, la pluie et quelques désagréments. J’ai revu Dieppe comme on revoit sa patrie.

— Remarqué dans les caveaux que la coiffure d’une des comtesses d’Eu est la même que celle des femmes du Tréport, sauf les perles et l’étoffe : c’est une espèce de callot, mais très gracieux. Le costume des femmes, au Tréport, est charmant : simple corsage, jupe double ; on en voit une en dessous, au bas ; manches de la chemise larges jusqu’au coude.

21 septembre. — Resté assez tard à la maison et