Assez bonne journée, en somme, dont je ne me rappelle pas les détails[1].
20 septembre. — Nous avons été à Eu. Rien n’égale mon ravissement pendant une ou deux heures, en partant ; je jouis des moindres détails de la nature, comme dans la première jeunesse. J’écrivais à travers les cahots ce qui me venait.
Eu ne m’a pas causé de sensations agréables, si ce n’est, avant d’aller visiter l’église, un sentiment de liberté, de bien-être.
Tombeaux des comtes d’Eu. Pièces d’artillerie au-dessus du banc d’œuvre.
Visité le château. Impossible d’exprimer mon aversion de cet affreux goût : peinture, architecture, ornements, jusqu’aux bornes qui sont dans la cour, tout cela est affreux ; le pauvre jardin est comme le reste. La vue du château sur cette église restaurée, si froide, si nue ; l’entrée étroite, entre l’église et les communs, révolte les convenances et le sens commun. Que Dieu pardonne au pauvre roi, homme si admirable d’ailleurs, ses prédilections en matière d’art ! Tout respire ici Fontaine, l’Institut, Picot, etc.
Tréport m’a paru bien triste ; il est devenu plus coquet, et il y a perdu. Une grande vilaine caserne
- ↑ Delacroix est loin de citer dans son Journal tous les croquis qu’il faisait journellement. Ce même jour, 19 septembre, il a dessiné des bateaux avec un soin minutieux. Ces dessins sont datés et appartiennent à M. Robaut.