Page:Delacroix - Journal, t. 2, éd. Flat et Piot, 2e éd.djvu/464

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
448
JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

14 septembre. — Je m’obstine sottement à sortir le matin, et je m’en trouve toujours mal.

Vu Isabey à la jetée. Il me parle de la cherté des voyages par la vapeur et m’explique l’hélice. Il vient avec moi jusqu’à la plage, où j’espérais rencontrer Chenavard.

Pluie et rentré chez moi, où je suis resté à lire et à dormir jusqu’à deux heures et demie.

A la jetée, où la mer était très belle ; mais pluie affreuse.

Après dîner, entré à Saint-Jacques, où il y avait une cérémonie. Le prêtre en chaire lisait les divers moments de la Passion avec réflexions ; il était interrompu à temps égaux par un cantique entonné par les chantres et répété par tout le monde. Le curé, avec la croix et ses chantres, s’agenouillait et priait à chaque station. Il a donné à baiser à la fin à tout le monde la patène ou le crucifix. — On ferait un joli tableau de ce dernier moment, pris de derrière l’autel.

Il y avait, dans ce que disait ce prêtre en chaire, avec sa voix traînante, et avec aussi peu de chaleur que s’il eût répété une leçon, bon nombre de choses dont on peut faire son profit. Il disait, entre autres choses, qu’il était toujours temps d’abandonner la mauvaise voie pour prendre la bonne, etc.

Effets magnifiques dans cette église peu éclairée, mais je préfère Saint-Remy, où je suis retourné un instant, quand la pluie affreuse, qui n’avait pas cessé pendant que j’étais à l’église, eut cessé.