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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

quable, on le trouve fort justement à peu près semblable à tous les autres ! Ses ouvrages nous l’avaient grandi et lui prêtaient de l’idéal. De là le proverbe : « Il n’y a pas de héros pour son valet de chambre. » Je crois qu’en y pensant mieux, on se convaincra qu’il en est autrement. Le véritable grand homme est bon à voir de près. Que les hommes superficiels, après s’être figuré qu’il était hors de la nature comme des personnages de roman, en viennent très vite à le trouver comme tout le monde, il n’y a là rien d’étonnant. Il appartient au vulgaire d’être toujours dans le faux ou à côté du vrai. L’admiration fanatique et persistante de tous ceux qui ont approché Napoléon me donne raison.

Le dimanche soir, en rentrant à Malines, sensation agréable de m’y retrouver. Tous ces bons Flamands étaient en fête ; ces gens-là sont bien dans notre nature française.

— Dessiné de mémoire tout ce qui m’avait frappé pendant mon voyage d’Anvers.

Bruxelles, lundi 12 août. — Sorti à neuf heures. Hôtel Tirlemont. Revu la cathédrale et ses magnifiques vitraux. Dessiné trop tôt et trouble d’estomac qui m’a causé un accident passager dont je me suis senti toute la journée. C’est en allant au Musée. J’y suis resté cependant jusqu’à trois heures.

— Tableau de Flinck. Celui de la première salle librement peint.