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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

Je rencontre Velpeau, puis après Dumas fils.

Le soir, promené à la jetée, pour laquelle je reprends du goût. J’étais en train d’être seul et n’ai point été chercher Chenavard.

Avant dîner, promenade délicieuse d’une heure au cours Bourbon. Ce petit ruisseau à droite, avec ses roseaux et ses herbes, la vue magnifique de la plaine et des collines, les grands arbres dont les feuilles s’agitent continuellement, tout cela pénétrant et délicieux.

A la jetée le matin. J’ai vu appareiller deux bricks, dont un nantais. Cela m’a beaucoup intéressé au point de vue de l’étude. Je fais un cours complet de vergues, de poulies, etc., afin de comprendre comme tout cela s’ajuste ; cela ne me servira probablement à rien, mais j’ai toujours désiré comprendre cette mécanique, et je ne trouve rien d’ailleurs de plus pittoresque. Mes observations, quoique superficielles, m’ont conduit à voir combien sont grossiers encore tous ces moyens, quelle lourdeur et quelle inefficacité la plupart du temps dans toute cette mâture ; jusqu’à la vapeur, qui change tout, cet art n’a pas fait un pas depuis deux cents ans. Les deux pauvres navires sortis du port à grand renfort de halage de toute espèce, sont parvenus au dehors, mais sans pouvoir faire un pas. Je les ai dessinés d’abord dans l’état d’immobilité où ils se trouvaient et les ai quittés, de guerre lasse, toujours dans la même situation.

Le libraire m’apprend que les deux derniers vo-