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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

que les architectes affectionnent dans ce moment. Elle présente la nudité la plus complète ; ces gens-là prennent pour une austère simplicité ce qui n’est que barbare chez les inventeurs de ce type d’architecture qui conviendrait peut-être à des protestants, qui ont horreur de la pompe romaine ; mais ces grands murs tout nus et ces jours ménagés, qui distillent à peine un peu de lumière dans ce pays où il fait sombre pendant les trois quarts de l’année, ne conviennent guère au culte catholique. Je ne peux assez me récrier sur la sottise des architectes, et je n’excepte ici personne sur ce point. Chacun des caprices que la mode a consacrés à son tour dans chaque siècle devient sacramentel pour eux. Il semble que ceux-là seulement qui les ont précédés étaient des hommes doués de la liberté d’inventer ce qui leur plaît pour orner leurs demeures. Ils s’interdisent de produire autre chose que ce qu’ils trouvent ailleurs tout fait et approuvé par les livres. Les castors inventeront une nouvelle manière de faire leurs maisons avant qu’un architecte se permette un nouveau mode et un nouveau style dans son art, lequel, par parenthèse, est le plus conventionnel de tous, et celui qui, par conséquent, admet le plus le caprice et le changement.

24 août. — Aujourd’hui, loué enfin un roman de Dumas, pour sortir de l’ennui que me donne l’absence d’occupation. Tous les jours précédents, promenades, dessins d’après les photographies de Durieu.