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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

proportion réduite les formes d’immenses rochers.

Je remarque à Dieppe la même chose dans les rochers à fleur d’eau, que la mer recouvre à chaque marée ; j’y voyais des golfes, des bras de mer, des pics sourcilleux suspendus au-dessus des abîmes, des vallées divisant, par leurs sinuosités, toute une contrée présentant les accidents que nous remarquons autour de nous. Il en est de même pour les vagues de la mer, qui sont divisées elles-mêmes en petites vagues, se subdivisant encore et présentant individuellement les mêmes accidents de lumière et le même dessin. Les grandes vagues de certaines mers du Cap, par exemple, dont on dit qu’elles ont quelquefois une demi-lieue de large, sont composées de cette multitude de vagues, dont le plus grand nombre est aussi petit que celles que nous voyons dans le bassin de notre jardin.

— Fuir les méchants, même quand ils sont agréables, instructifs, séduisants. Chose étrange ! un penchant, autant que le hasard aveugle, vous rapproche souvent d’une perverse nature. Il faut combattre ce penchant, puisque l’on ne peut fuir le hasard des rencontres.

Lu dans la Revue un article de Saint-Marc Girardin[1], au sujet de la Lettre sur les spectacles, de Rousseau. Il discute longuement si les spectacles sont dan-

  1. Saint-Marc Girardin (1801-1873) était alors membre du conseil de l’instruction publique, professeur à la Sorbonne, et membre de l’Académie française depuis 1844.