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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

bas et les touches qui reviennent dessiner les traits. L’esquisse du tableau devait être bonne pour mettre à même de faire le tableau ainsi et à coup sûr. Chercher dans l’esquisse et aller sûrement dans l’exécution du tableau.

— Le soir, après dîner, parti par un beau soleil, pour aller chez Braekeleer ; admiré, en remontant sa rue, de magnifiques chevaux flamands, un jaune et un noir.

Vu enfin la fameuse Élévation en croix : émotion excessive ! Beaucoup de rapports avec la Méduse… Il est encore jeune et pense à satisfaire les pédants… Plein de Michel-Ange. Empâtement extraordinaire. Sécheresse qui touche au Mauzaisse, dans quelques parties, et pourtant point choquante. Cheveux très sèchement faits dans des têtes frisées, dans le vieillard à tête rouge et à cheveux blancs qui soulève la croix en bas à droite, dans le chien, etc. ; n’est point préparé par la demi-teinte. Dans le volet de droite, on voit des préparations empâtées comme celles que je fais souvent et le glacis par-dessus, notamment dans le bras du Romain, qui tient le bâton, et dans les criminels qu’on crucifie. Encore plus probable, quoique dissimulé par le fini, dans le volet de gauche. La coloration a disparu dans les chairs, dont les clairs sont jaunes et les ombres noires. Plis étudiés pour faire du style, coiffures soignées. Plus de liberté, quoique d’un pinceau académique, dans le tableau du milieu, mais entièrement libre et revenu à sa nature,