Page:Delacroix - Journal, t. 2, éd. Flat et Piot, 2e éd.djvu/417

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
401
JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

toilette, cacher quelques rides pour produire une certaine illusion et paraître un peu plus jeune qu’elle n’est ; mais pour les tableaux, c’est autre chose : chaque restauration prétendue est un outrage mille fois plus regrettable que celui du temps ; ce n’est pas un tableau restauré qu’on vous donne, mais un autre tableau, celui du misérable barbouilleur qui s’est substitué à l’auteur du tableau véritable qui disparaît sous les retouches.

Les restaurations dans la sculpture n’ont pas le même inconvénient.

— Sur le gothique neuf.

30 juillet. — Avoir les photographies Durieu pour emporter à Dieppe, ainsi que les croquis d’après Landon[1] et Thévelin. — Têtes photographiées. — Animaux et anatomie.

Il me semble qu’on pourrait se passer d’impression en peignant son sujet à la détrempe, après l’avoir mis aux carreaux. Pour redessiner sur une ébauche aussi grossière, on passerait une colle très légère, mais qui ne serait pas une colle animale. On pourrait essayer le jus d’ail qui donne un vernis et qui doit contenir un gluten, puisqu’il sert à coller très fortement certains objets. On pourrait ainsi retoucher indéfiniment à la détrempe. On pourrait même ébaucher sur une toile

  1. Paul Landon (1760-1826), peintre et littérateur, doit surtout sa réputation aux nombreux ouvrages qu’il a publiés sur les Beaux-Arts et qui sont encore aujourd’hui consultés avec fruit.