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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

8 juillet. — Recopié des parties de l’article sur le beau et terminé.

M. Trélat[1] venu dans la journée. Le matin, Vigneron.

15 juillet. — Tons du cheval du premier plan dans la Chasse aux lions. — Pour les crins : laque brûlée, Sienne naturelle, Sienne brûlée. — Pour le corps : momie, laque de gaude, chrome foncé. Tous ces tons jouent dans la peinture. — Sabots : terre Cassel, noir pêche, jaune de Naples.

19 juillet. — Andrieu me dit que le temps qu’il faut pour la vigne, c’est le contraire de celui qu’il faut pour le blé : il faut un temps frais et net pour ce dernier ; pour la vigne, il faut le temps étouffant, le mistral, le siroco. — Rapporter ceci à ma réflexion sur les malheurs nécessaires.

Non seulement nous voyons cette apparente contradiction dans la nature, qui semble satisfaire ceux-ci aux dépens de ceux-là, mais nous sommes nous-mêmes pleins de contradictions, de fluctuations, de mouvements en sens divers, qui rendent agréable ou détestable la situation où nous sommes et qui ne change pas, tandis que nous changeons. Nous

  1. Le docteur Ulysse Trélat (1795-1879), médecin des plus distingués, qui prit une part active aux événements de 1830, puis de 1848 ; il devint, sous la République, ministre des travaux publics. Sous l’Empire il renonça à la vie politique et reprit ses fonctions de médecin à la Salpêtrière.