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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

4 juillet. — A l’Exposition de 1855, le Justinien[1]. — Je me suis levé avant cinq heures. Quelques idées qui m’étaient venues pour l’article sur le Beau[2], et recouché jusqu’à huit heures ; un certain malaise m’avait saisi. Repris le travail jusqu’à dîner, sans presque cesser, si ce n’est pour dormir quelques minutes. Il fallait faire cet effort généreux pour mettre ce travail en état d’être fini d’ici à deux ou trois jours : c’est un métier de chien.

Après dîner, j’ai fait, peut-être contre mon habitude, la meilleure partie du travail, par un examen d’ensemble, quelques pages écrites avec une certaine verve. J’écris ceci le mercredi matin, et je n’ai pas relu ce que j’ai fait. Je serais curieux de voir si l’état de l’esprit après dîner est, comme je le crois, dans la meilleure situation pour produire. À ce moment où je viens de me lever, fatigué à la vérité par l’excès de travail d’hier, je n’ai pas une idée : le corps et l’esprit ne demandent que du repos.

— Tous ces soirs, promené seul.

5 juillet. — Mauvaise journée. J’ai essayé d’écrire et n’ai rien pu faire.

Sorti à trois heures avec Jenny pour aller voir le

  1. Delacroix se proposait d’envoyer à l’Exposition de 1855 le Justinien qu’il avait peint en 1826. Ce tableau, qui décora un des grands panneaux de la salle des séances de l’ancien conseil d’État, fut brûlé dans l’incendie de ce palais en 1871. (Voir Catalogue Robaut, no 153.)
  2. L’article sur le Beau parut dans la Revue des Deux Mondes du 15 juillet 1854.