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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

dant mon séjour chez Berryer. La distraction, la conversation, l’esprit mis hors de son ornière habituelle, agissent sur le corps.

26 juin. — Point d’entrain toute cette journée. — Dauzats venu avec M. Bonnet, de Bordeaux.

Je trouve ceci dans un article de Sainte-Beuve sur saint Martin, qui est un résumé des idées de ce dernier sur l’âme : « Selon lui, l’âme humaine, toute déchue et altérée qu’elle est, est le plus grand et le plus invincible témoin de Dieu ; elle est un témoin de Dieu bien autrement parlant que la nature physique, tellement que le vrai athée (s’il y en a) est celui qui méconnaît sa grandeur et en conteste l’immortelle spiritualité : le propre de l’âme de l’homme, tant elle a conservé de royales marques de sa hauteur première, est de ne vivre que d’admiration, et ce besoin d’admiration dans l’homme suppose au-dessus de nous une source inépuisable de cette même admiration qui est notre aliment de première nécessité. »

Il y a donc confiance que ce témoin perpétuel de Dieu, l’âme humaine, gagnera à l’épreuve de la révolution, etc.

27 juin. — Dîné chez Riesener avec Vieillard. — Presque achevé, dans la journée, le Cavalier arabe et le Tigre de Weill. Arnoux[1] venu dans la journée. Il

  1. Arnoux, critique d’art qui allait écrire dans la Patrie, après l’Exposition universelle de 1855, cette page enthousiaste : « Le voilà qui