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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

19 juin. — Petits sujets : Deux chevaux se battant[1]. — Cheval montré à des Arabes[2]. — Barbier de Mekinez. — Soudards. — Chevalier.

20 juin. — Dîné chez Morny avec Halévy, Auber, Gozlan[3], que j’ai eu du plaisir à revoir. Il m’a dit qu’au temps de notre comique rivalité, je passais pour le favori et j’étais envié. J’ai vu là Augier, contre lequel j’avais, je ne sais pourquoi, de la prévention[4]. Il est fort aimable, et je suis enchanté de m’être rencontré avec lui. Il y avait là ce grand jeune homme, fils de Mme Lehon, que j’avais vu quinze jours auparavant au conseil de revision, plaidant la cause de sa surdité prétendue pour se dispenser d’acheter un remplaçant, et cela dans l’état de pure nature, c’est-à-dire nu comme la main, en présence de ces conseillers de préfecture et autres composant le conseil.

22 juin. — Terminé les tableaux de l’Arabe à l’af-

  1. En 1860, il devait peindre un tableau sur ce sujet. Le Catalogue Robaut le décrit ainsi : « Trois Arabes couchés à terre sur des couvertures sont réveillés en sursaut par deux chevaux, un blanc et un brun, qui se sont détachés et se mordent avec acharnement. Les deux bêtes affolées s’enlacent dans un choc furieux et forment un groupe d’une ampleur superbe. »
  2. Voir Catalogue Robaut, no 664, aux Additions, p. 490.
  3. Léon Gozlan, romancier, auteur dramatique et publiciste.
  4. Émile Augier avait déjà conquis à cette époque une grande situation dans le monde des lettres. Cependant le succès de la Ciguë, de Gabrielle, de l’Aventurière, de Philiberte, n’avait point encore mis Augier au rang qu’il devait occuper plus tard avec le Gendre de M. Poirier, le Mariage d’Olympe, les Effrontés, le Fils de Giboyer, etc.