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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

assez bon enfant. Tout le monde, excepté Dauzats, a été contre moi pour soutenir que les animaux seuls avaient de l’instinct, et que l’homme n’en a pas. Quoique le terrible Chaix-d’Est-Ange fût dans le parti contraire, j’ai soutenu mon avis avec la chaleur convenable, et depuis, il m’est revenu à l’esprit cent arguments plus forts les uns que les autres, que je n’ai pas dits.

Après, j’avais compté aller voir la Vestale, qu’on devait jouer avec un ballet : malheureusement le ballet était le dernier.

J’ai été voir si Mme Pierret était revenue s’établir à Paris. Elle est toujours à Belleville, commençant son métier de veuve avec le faste nécessaire, quand tout lui commandait d’être ici pour les démarches, pour son fils, etc.

Le bon Piron venu chez moi pendant mon absence, après la lettre tendre que j’avais reçue de lui dans la journée et par laquelle il me demande aimablement d’aller avec lui à Aix, où il doit prendre les eaux. Je suis bien touché de son amitié. Je l’ai connu avant Pierret, et jamais un nuage n’a altéré notre attachement[1].

13 juin. — Dîné chez Monceaux ; l’aimable

  1. Dans la préface mise en tête du recueil des articles d’Eugène Delacroix, M. Piron écrit ceci : « Il aimait tant ses amis qu’il n’aimait pas les voir se marier. Il ne pouvait pas souffrir qu’une femme vint se placer entre lui et eux. Car, nous disait-il, quand je vais dîner chez toi, il faut encore que la chose plaise à ta femme… »