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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

son[1]. Aujourd’hui, on doit enterrer le dernier. Henry vient m’inviter à aller dire adieu à son père. Triste vue ! triste séparation !… Il est mort hier soir en revenant de chez sa fille à Belleville.

A quatre heures, au convoi de Raisson. — Je me suis promené, en attendant, quelque temps, et entré à l’église : affreuse décoration… Le malheureux Raisson a laissé vingt francs, dont il a fallu donner quinze à l’apothicaire. Il gagnait encore quinze mille francs… Quand il lui arrivait une petite somme à la fois, il faisait un voyage pour son plaisir ou arrangeait une partie : c’est ce que m’apprend un de ses amis.

Mon cher Pierret, dont la mort me laisse un tout autre vide, quoique je regrette aussi mon vieux Raisson, laisse sa famille dans une triste situation ; c’est une suite de la vanité de sa femme qui a voulu faire la dame, au lieu de faire un métier et d’en faire faire un à ses filles.

10 juin. — Enterrement du pauvre Pierret.

12 juin. — Dîner du lundi. Delaroche m’a paru

  1. Horace Raisson avait connu Delacroix en 1816 et était resté lié avec lui depuis cette époque. Homme de lettres et journaliste, Raisson avait été collaborateur de Balzac. Delacroix parait avoir eu au début de leurs relations peu de sympathie pour lui, car il écrit en 1821 : « Raisson n’est point changé : il est menteur et suffisant comme devant. Ce sera toujours, dans la peau d’un badaud, le plus Gascon que je connaisse. » Il fit de lui en 1820 un portrait à l’aquarelle qui appartient à M. Robaut. (Voir Catalogue Robaut, no 1469.)