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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

trop longtemps : je l’aime beaucoup. Je voudrais lui être utile[1].

2 juin. — Dîné chez la princesse. — Première soirée des premiers vendredis. Gounod, etc., etc. Il a chanté, d’une manière délicieuse, plusieurs morceaux de Mozart, en faisant ressortir les accompagnements et les parties différentes, à lui seul.

En rentrant très tard par une pluie affreuse, trouvé mon atelier noyé et passé près de deux heures à déménager mes toiles, etc.

Lundi 5 juin. — Chez Mme de Forget le soir ; le jeune d’Ideville[2] me disait que mes tableaux se vendaient très bien : le petit Saint Georges[3], qu’il appelle un Persée, que j’avais vendu à Thomas quatre cents francs, s’est vendu mille deux cents francs en vente publique ; Beugniet lui a demandé la même somme du petit Christ, qu’il a eu pour cinq cents francs ; mais ce sont les Juifs[4] qui profiteront toujours de tout cela.

  1. On trouve en effet dans la correspondance de Delacroix plusieurs lettres de recommandation en faveur de Préault. Il recommande Préault en 1860 pour un travail à l'église Saint-Paul Saint-Louis. Delacroix ne pouvait oublier que Préault avait pendant plusieurs années été refusé, comme lui aux expositions : l’injustice et l’aveuglement des jurys les avaient rapprochés.
  2. Henri-Amédée le Lorgne, comte d’Ideville (1830-1887). Il débuta dans la diplomatie, puis entra, en 1870, dans l’administration, qu’il quitta bientôt, pour s’adonner exclusivement à la littérature.
  3. Voir Catalogue Robaut, no 1241.
  4. Nous recommandons tout particulièrement aux lecteurs qui voudront être pleinement édifiés sur ce qu’avance Delacroix, de parcourir le