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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

— Agréable flânerie — après le déjeuner et le départ des Suzanet et de M. de la Ferronays — sur le perron avec ces dames : partie de billard anglais. Elles devaient rester la soirée : tout à coup, elles changent de résolution. Nous dînons à cinq heures un quart, et elles partent à six heures.

Promenade charmante avec Berryer et Hennequin par les bords de la rivière, à gauche le long du potager : à cette heure du jour, tout cela est plus beau que je ne l’ai jamais vu ; je ne puis me lasser de la réflexion placide des arbres et du ciel dans le miroir des eaux. Voilà ce que nous perdons par la mauvaise heure du dîner.

Monté au haut du parc et fait le tour par les murs, jusqu’à un endroit que je ne connaissais pas : salles de verdure avec avenues de tous côtés, etc.

Berryer très intéressant sur la musique des anciens… Sur la partie consacrée, hiératique : l’empereur de la Chine allant tous les ans donner le ton dans certains temples, sur des vases d’un métal particulier. C’était le diapason de l’Empire.

S’il n’est pas satisfait de son intonation en commençant à parler, il ne débrouille pas clairement ses idées, sa parole n’est pas la même.

Je dis que nous ne connaissons rien aux anciens. Nous les défigurons quand nous leur prêtons nos petites manières et nos sentiments modernes. Ils avaient été tout de suite ce qui est essentiel dans tout : le sentiment est le meilleur guide dès l’origine,