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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

la restauration. Il y a au-dessous, sur l’autel, deux esquisses de Rubens, représentant saint Roch.

Revenu déjeuner à l’auberge et attendu l’heure de retourner. Enfin, passé deux heures seul dans l’église à faire un croquis.

J’ai été, dans ce voyage, la providence des bedeaux.

À trois heures, reparti en société de trois prêtres d’une gaieté remarquable. Ils ont l’air dans ce pays d’être tout à fait chez eux ; ils ont cet air heureux et confiant qui ne se rencontre pas, chez nous, chez les gens de cette robe.

Malines, vendredi 9 août. — Malines. Couru encore les églises dans la matinée ; la Pêche m’a paru bien plus belle ; le Saint Pierre et le Saint André, qui servent de volets, admirables. Le Tobie, qui est l’envers du volet de saint André, est moins remarquable que l’autre, qui est le poisson trouvé par saint Pierre. … Quelle aisance dans ce saint Pierre debout, drapé dans son manteau ! Qu’il a peu cherché pour cela ! Ces pieds vigoureux, cet arrangement puissant, ce bout de filet qui pend ! Quelle force et quelle facilité[1] !

  1. « Ce qu’il y a de vraiment extraordinaire dans ce tableau, grâce aux circonstances qui me permettent de le voir de près et d’en saisir le travail aussi nettement que si Rubens l’exécutait devant moi, c’est qu’il a l’art de livrer tous ses secrets, et qu’en définitive il étonne à peu près autant que s’il n’en livrait aucun. Je vous ai déjà dit cela de Rubens, avant que cette nouvelle preuve me fût donnée. » (Fromentin, Les Maîtres d’autrefois, p. 61.)