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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

l’autre, marche à grands pas et lance à droite et à gauche l’eau bénite sur les humbles sépultures. La religion est belle ainsi. Les consolations et les conseils que le prélat donnait dans l’église à ses rustiques ouailles, à ces hommes simples, brûlés par les travaux de la campagne et enchaînés à de dures nécessités, allaient à leur véritable adresse. Au retour, il a béni, avant de rentrer, les enfants que les mères lui présentaient.

Déjeuner très nécessaire, à midi et demi ou une heure, pour ces pauvres prêtres à jeun et pour nous-mêmes. A une heure et demie, arrivée de ces dames : point de princesse ! J’en ai été désappointé.

A partir de ce moment, le bon évêque a été un peu négligé pour les arrivantes ; il avait d’ailleurs quelque effroi à rester. Il est parti presque incognito. Son règne était fini.

Promenade dans le parc avec Batta et Hennequin.

23 mai. — Temps diluvial. On nous avait annoncé la princesse[1] pour aujourd’hui, mais le moyen d’y croire avec une pluie affreuse ! Elle est venue pourtant. Elle s’est mise à tout : point de fatigue et de grimace. Ces dames et nous, nous avons fait une grande promenade. La bonne princesse peut-être un peu ennuyée de la tournée du propriétaire. Elle avait très aimablement pris mon bras, et je ne me suis pas ennuyé une minute. C’est un caractère dans le genre

  1. La princesse Marcellini Czartoryska.