Page:Delacroix - Journal, t. 2, éd. Flat et Piot, 2e éd.djvu/373

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
357
JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

pour voir la cérémonie de la confirmation, Berryer, dans son cabinet qui précède sa chambre, m’a lu des fragments de manuscrits de son père, où il raconte le premier service que mon père lui a rendu. Mon père se trouvait dans la situation de disposer de tout, sous Turgot : son salon d’attente était rempli de cordons bleus, de grandes dames et de solliciteurs de tous étages. Cette position lui occasionnait une foule d’attaques, à cause, dit Berryer le père, de son austère probité. Il avait commencé par être avocat et regrettait cette profession ; de là tout naturellement le conseil qu’il donne à Berryer de s’y adonner, plutôt que de s’enterrer dans des bureaux. Plus tard, sous la Convention, Berryer, très compromis, est sauvé par lui.

Vu la bibliothèque, qui est tout au haut de la maison

Vers dix heures, on est venu chercher l’évêque en procession. Cette cérémonie m’a beaucoup touché.

Le père et la femme de Berryer sont enterrés dans l’église. L’idée m’est venue de leur faire un Saint Pierre[1] ; c’est le patron de la paroisse, et c’était celui de son père ; ce projet s’en ira peut-être avec mes sentiments catholiques du moment.

Après la cérémonie et l’exhortation de Monseigneur, nous avons assisté à la bénédiction des tombes dans le cimetière : c’est fort beau. L’évêque, tête nue, et dans ses habits, la crosse d’une main, le goupillon de

  1. Il est probable que ce Saint Pierre ne fut jamais exécuté.