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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

petits garçons pêchant je ne sais quoi avec leurs mains, les jambes à l’eau, de l’autre côté du pont où l’eau de la rivière coule sur un lit de cailloux charmants.

Berryer et ces messieurs avaient été à la messe ; j’ai été un peu honteux à leur retour de ne les avoir pas suivis. J’avais été aussi, en suivant la rivière, jusqu’à l’endroit presque où elle sort de la propriété. Remarqué le château, à peu près, de cet endroit, encadré dans les arbres. En revenant, fait un croquis de l’angle et du côté de la cour.

Dans la journée, nous avons été avec des hommes et le furet pour prendre des lapins. Vu les rochers et les pins d’Italie.

L’évêque arrive vers quatre ou cinq heures. Dîner d’ecclésiastiques avec un M. de Rocheplate ou de Rocheville, voisin de campagne de Berryer. J’aime beaucoup cet évêque. Je suis de la nature de la cire ; je me fonds facilement sitôt que j’ai l’esprit échauffé par un spectacle, ou par la présence d’une personne qui a quelque chose d’imposant ou d’intéressant. J’ai parlé du péché originel d’une façon qui a dû donner à ces messieurs une grande idée de mes convictions. La soirée s’est passée ainsi très convenablement.

22 mai. — Avant d’aller à l’église[1], le matin,

  1. Berryer était très pieux et aimait la pompe des cérémonies catholiques. Ce trait de sa nature répond bien d’ailleurs au jugement que Delacroix porte sur son esprit.