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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

que de deux choses : l’une d’avoir dit un secret à sa femme ; l’autre, d’avoir fait par mer un voyage qu’il pouvait faire par terre. On contait cela à propos du naufrage de l’Ercolano.

8 mai. — Lettre de Mme D… au sujet du projet Stanislas ; lettre de Mme F… transmise par le cousin au sujet du même projet. L’une trouve bon que la ville dépense énormément, introduise les prêtres dans ses affaires, etc., etc., pour que son petit-fils, qui est depuis cinq ans dans ce collège, ne perde pas l’habitude de ses chers professeurs et achève paisiblement son éducation. L’autre désire la consécration de l’établissement pour beaucoup moins, j’en suis sûr ; le directeur aura quelque neveu dont la figure lui plaît.

Dîné au deuxième lundi, et fini par une promenade, au lieu d’aller à l’Opéra voir Guillaume Tell, ce que j’avais projeté ; pour me consoler, je me suis chanté tout le temps intérieurement toute la partition.

9 mai. — Dîné chez Piron, et vu le soir Nina, de M. Coppola[1]. Il est impossible d’imaginer rien de plus insipide.

— J’aime beaucoup Piron : c’est le seul ami que j’aie, comme on peut l’être à notre âge. Il me contait

  1. Nina, ou La folle par amour, opéra représenté au Théâtre-Italien, le 6 mai 1854. Mme Alboni chantait le rôle de Nina.