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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

qu’on tient table et même encore quelque temps après, le cerveau voit les choses sous un autre aspect qu’auparavant. C’est une grande question qui humilie certains hommes, qui se croient ou qui se voudraient beaucoup plus qu’hommes, que ce feu qui naît de la bouteille et vous porte plus loin que vous n’eussiez été sans cela. Il faut bien s’y résigner, puisque non seulement cela est, mais que, de plus, cela est fort agréable.

Malines, 7 août. — Couru les églises à Malines.

Église de Saint-Jean : là, l’Adoration des rois, le Saint Jean dans la chaudière, et le Saint Jean-Baptiste, trois chefs-d’œuvre. C’est au rang des plus beaux. Les volets sont beaux aussi. Saint Jean écrivant, l’aigle au-dessus de lui, et de l’autre le Baptême de Notre-Seigneur. J’ai été voir le sacristain pour lui demander de les dessiner.

De là, à la cathédrale de Saint-Rombaud (Rumoldus). Magnifique église. Monuments de tous côtés : statues couchées des archevêques dans le chœur ; statues des douze apôtres dans la nef, adossées aux piliers. La même chose à l’église de Sainte-Marie, où est la Pêche miraculeuse. Il y a dans la cathédrale un Van Dyck, le Christ au milieu des larrons, que j’ai trouvé très faible. Très grand tableau. Les tons bistrés dans les ombres le rendent très triste.

A Sainte-Marie, la Pêche de Rubens, avec les