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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

de s’amuser à imiter des monuments d’une autre époque, on faisait ce qu’on pouvait, mêlant gothique, Renaissance, tous les styles enfin ; et de tout cela des artistes vraiment artistes savaient faire des ensembles charmants. On est ébloui dans ces églises de la profusion des richesses en marbres, statues, tombeaux, tapissant les murs et s’étalant sous les pieds. Des stalles en bois se prolongent tout le long des murs ; l’orgue orné, etc.

En revenant, à l’Hôtel de ville : édifice charmait, de la Renaissance ; en face, une maison probablement du temps de Henri IV : très imposant style rustique.

Cette ville est des plus intéressantes, animée, gaie et, sauf les uniformes prussiens qui me font un effet désagréable, faite pour l’imagination.

En allant au chemin de fer, revu l’extérieur des tours, etc.

— Parti à dix heures ; chaleur extrême et route fatigante. Corvée des douanes, avant Verviers ou à Verviers même.

Écrivassé pendant la route sur mon petit calepin.

— Arrivé à Malines à six heures environ. Bon petit hôtel de Saint-Jacques et bon souper qui m’a remis. Les grands hommes qui écrivent leurs mémoires ne parlent pas assez de l’influence d’un bon souper sur la situation de leur esprit. Je tiens fort à la terre par ce côté, pourvu toutefois que la digestion ne vienne pas contre-balancer l’effet favorable de Cérès et de Bacchus. Encore serait-il vrai que, tout le temps