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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

dans ce monde, puisque j’ai été apprécié par les bons Hollandais.

Je vous voudrais plus souvent des distractions comme celle que je trouve dans ce lieu écarté et champêtre. Le plaisir d’ouvrir le matin sa fenêtre sur la plus agréable vue du monde, rafraîchie par les pleurs de la nuit, et de respirer un air différent de celui que nous font la boue et les ordures de Paris, tout cela fait vivre et ranime l’esprit aussi bien que le corps. Je ne dis pas pour cela qu’il faut tout abandonner pour se jeter dans les bras de la pure nature. Un peu de tout cela, et surtout changer de temps en temps, c’est là le véritable rajeunissement des esprits. »


16 avril. — Ce matin, jour de Pâques, le soleil s’est montré de bonne heure et caché à plusieurs reprises. Le vent a l’air d’être tourné, et le ciel se couvre de nuages. Verrons-nous enfin cesser ce beau temps désolant ? J’écris ceci à huit heures du matin, en faisant des vœux pour être un peu mouillé.

— Ne pas oublier de payer le billet du vendredi saint, renvoyé à Champrosay, à Seghers, en excusant mon retard par ma légitime absence.

17 avril. — Reçu le matin, pendant que je travaillais, une invitation pour le soir à l’Élysée : parti vers quatre heures.

Trouvé dans le chemin de fer une famille, mère, fils, fille, avec des cheveux magnifiques : se rap-