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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

pourtant encore avec admiration les jambes, le torse, la tête ; c’est du plus beau, mais la composition ne saisit pas.

Rentré exténué à travers les rues, mais dîné de bonne heure.

Malines, mardi 6 août. — A Cologne. Je comptais partir pour Bruxelles ou Malines dans la journée. Forcé de partir à dix heures, à cause des heures de départ.

Pris le commissionnaire pour aller voir la cathédrale. Ce malheureux édifice, qui ne sera jamais terminé, est encombré, pour l’éternité par conséquent, de baraques et de planches servant aux travaux. Saint-Ouen de Rouen, auquel on a cru devoir ajouter les clochers qui lui manquaient, pouvait très bien s’en passer ; mais Cologne est à un état d’ébauche singulier, la nef n’est pas même couverte. Voilà ce qu’on devrait s’appliquer à finir ; le portail entraînerait des travaux gigantesques, et les quelques pauvres diables qu’on aperçoit et qu’on entend dans ces baraques picoter des morceaux de pierre n’avanceront pas en trois siècles la besogne au dixième, à supposer qu’on leur donne de l’argent.

Ce qui est fait est magnifique. On sent une impression de grandeur, qui m’a rappelé la cathédrale de Séville. Le chœur et la croix sont faits depuis longtemps. On s’est amusé à dorer et peindre en rouge les chapiteaux du chœur. Les petits pendentifs sont