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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

comprend tout le mérite de son langage. Il en est convenu.

J’ai rencontré Berryer avec le plus grand plaisir, et un peu honteux de l’avoir négligé. Il me témoignait le regret de ne pas me voir, et ce n’étaient pas même de tendres reproches. C’est une nature vraiment riche et sympathique. Il m’a dit que je devais l’aller trouver à la campagne quelquefois ; je l’aime beaucoup.

Je suis sorti avant la fin, très fatigué, et j’ai passé une nuit tout en sueur et en maladie. La matinée était meilleure.

Jeudi 29 décembre. — Première séance à la réunion pour le jury de l’Exposition de 1855. J’y ai vu le pauvre Visconti[1] à deux heures ;… à cinq heures, il n’était plus ! J’ai été désespéré de ce malheur qui intéresse tout le monde, mais qui me prive personnellement de l’homme le plus sympathique que j’aie rencontré depuis longtemps.

Vendredi 30 décembre. — On me disait, à propos de la Vénus, qu’en la regardant, on voyait tout à la fois. Cette expression m’a frappé : c’est là, en effet, la qualité qui doit dominer ; les autres ne doivent venir qu’après.

  1. Visconti mourut sans avoir achevé l’œuvre capitale de sa carrière d’architecte, la réunion du Louvre aux Tuileries. Mais son nom n’en reste pas moins attaché à ce magnifique travail. Il avait été, au mois d’août précédent, nommé membre de l’Institut.