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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

un certain nombre de coups, qui voulaient dire oui ou non, ou bien l’âge qu’on avait, ou le quantième du mois où tel événement s’accomplirait. Depuis, on en a fabriqué tout exprès qui ont au centre une aiguille de bois, qui va tour à tour se fixer sur les lettres de l’alphabet tracées en cercle, en les choisissant, bien entendu, avec le plus grand à propos, pour former des phrases d’un profond admirable, en manière d’oracles. On a encore dépassé ce point de leur éducation déjà assez surprenant : on se place sous la main une petite planche à laquelle est adapté un crayon, et en s’appuyant ainsi armé sur la table inspirée, le crayon trace de lui-même des paroles et des discours entiers. Elle m’a parlé de gros manuscrits dont les tables sont les auteurs, et qui feront sans doute la fortune de ces gens assez doués de fluide pour donner à la matière tout cet esprit. On sera ainsi un grand homme à bon marché.

Mardi 22 novembre. — Mal disposé pour le travail. Je suis allé vers trois heures au Musée. Vivement impressionné par les dessins italiens du quinzième siècle et du commencement du seizième siècle. — Tête de religieuse morte ou mourante, de Vanni, dessin de Signorelli : hommes nus. — Petit torse de face : ancienne école florentine. — Dessins de Léonard de Vinci[1].

  1. Francesco Vanni (1563-1609). Voir le Catalogue des dessins du Louvre, no 362. — Luca Signorelli (1440)-1525). Voir le Catalogue des