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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

que, même en lui accordant que la mer, les eaux enfin n’absorbent ou ne transforment point suffisamment les matières corrompues, tous ces corps n’y restent pas plus à l’état de cadavres que la viande chez les bouchers, ou un animal mort dans un bois. La mer est peuplée d’espèces assez voraces et assez nombreuses pour faire disparaître promptement la dépouille des pauvres diables qui laissent leur vie dans les flots. Il explique par la même cause la phosphorescence des eaux de la mer : « On sait, dit-il, que le phosphore est engendré par la corruption. » Il sait cela… et il ne voit pas avec ses petites lunettes d’autre moyen pour la nature de produire cet effet… Nous concluons toujours d’après ce que nous savons, et nous savons fort peu… Et qui lui dit que c’est le phosphore qui produit ces clartés singulières qu’on remarque autour des bateaux et des rames en mouvement ? De ce que le phosphore a une lumière sans chaleur, ce qui est aussi le propre de ces effets sur les flots, quand ils sont troublés dans de certaines conditions, mon savant et tous les savants ont décidé que le phosphore seul pouvait produire un semblable effet. C’est comme s’ils disaient : Les savants se coudoient dans l’antichambre, etc.

Vendredi 11 novembre. — Retourné au conseil ; ma mauvaise disposition se passe un peu.

L’amour est comme ces souverains qui s’endorment dans la prospérité, et je n’entends pas par là qu’il