Page:Delacroix - Journal, t. 2, éd. Flat et Piot, 2e éd.djvu/260

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
244
JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

ainsi que celle du daguerréotype, peut-être ma carrière eût-elle été plus remplie. La facilité de peindre à chaque instant, sans avoir l’ennui de palette, ensuite l’instruction que donne le daguerréotype à un homme qui peint de mémoire, sont des avantages inestimables.

Dimanche 16 octobre. — Achevé ou presque achevé le Weislingen. Promenade vers Soisy par la forêt. Vu les derrières du parc Vandeuil (actuel) : il y a des effets superbes. — Plus loin, en remontant, j’ai dessiné un site superbe.

Lu un article des Mémoires de Dumas sur Trouville, où il y a des choses charmantes… Que manque-t-il à ces gens-là ? du goût, du tact, l’art de choisir dans tout ce qui leur vient et celui de savoir s’arrêter à propos. Il est probable qu’ils ne travaillent pas ; leur suffirait-il de travailler, pour acquérir ce qui leur manque ?… Je ne le crois pas.

Lundi 17 octobre. — Après une journée de travail et un peu, je crois, de sommeil, parti tard vers Soisy. La pluie a détrempé les routes. J’ai fait le croquis du lavoir au soleil couchant. Descendu dans la ruelle où j’avais une fois trouvé un chat charmant. Rencontré Baÿvet en revenant. Voilà un homme à l’ancienne mode, à la mienne : il était pataugeant sur la route comme moi, et visitant ses travaux ; il portait de vieux habits dont son domestique ne voudrait certes pas ; son