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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

— Dumas, ce matin, commence ainsi l’analyse de la pièce d’Antony, dans la Presse : « Cette pièce a donné lieu à de telles controverses, que je demande la permission de ne pas l’abandonner ainsi ; d’ailleurs, non seulement c’est mon œuvre la plus originale, mon œuvre la plus personnelle, mais encore c’est une de ces œuvres rares qui ont une influence sur leur époque. »

Dîné chez Halévy, à Fromont[1] ; je suis toujours sourd comme un pot : heureusement que l’indisposition va changeant de côté et se porte tantôt à droite, tantôt à gauche. Il y avait là Viegra, Vatel, l’ancien directeur des Italiens, etc. Comment entretiendront-ils cette magnifique habitation ?… Hier, le général Parchappe[2] répondait à mon admiration pour ce beau lieu, en disant que la maison était pitoyable, et qu’il fallait la rebâtir pour la rendre habitable.

Mercredi 12 octobre. — Dîné chez Mme Barbier. Mme Villot revenue le soir ; j’ai parlé imprudemment, avec certains regrets, des restaurations des tableaux du Musée : le grand Véronèse, que ce malheureux Villot a tué sous lui[3], a été un texte sur lequel je n’ai pas trop insisté, en voyant avec quelle

  1. Commune de Ris-Orangis, près de Corbeil.
  2. Le général de division Parchappe avait fait les campagnes du premier Empire, puis les campagnes d’Afrique de 1839 à 1841. Mis à la retraite en 1851, il s’était fait nommer député au Corps législatif.
  3. Il s’agit ici des lamentables restaurations que M. Villot fit subir à certaines toiles du Musée du Louvre.