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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

habitude ; j’ai fait un grand tour de forêt au détriment de ma chaussure et de mon pantalon. Pris par l’allée qui mène au chêne Prieur ; mais, à moitié chemin, pris l’allée qui descend vers le milieu, pour tomber sur la grande route qui croise celle de l’Ermitage. Sentiment délicieux de la solitude et de l’indépendance, en rentrant dans mon ermitage et en m’attablant… Je l’ai bien éprouvé le lendemain, et j’espère qu’il sera ainsi tout le temps que je serai ici.

Vendredi 7 octobre. — Grande promenade dans le jardin. Ravi par les odeurs de fleurs et du raisin. Mais étant remonté dans une situation paresseuse, elle s’est prolongée toute la journée que je suis resté à lire le Spectateur, à dormir, à le reprendre.

Le soleil s’était montré dans la journée, et j’ai eu l’esprit d’attendre qu’il fût passé, pour me mettre en route, vers trois heures seulement, ou deux heures. Une pluie battante m’a pris dans la forêt ; heureusement, elle s’est calmée au moment où j’allais rentrer, et j’ai continué par une allée que je n’avais jamais prise, partant de ce même centre qui va au chêne Prieur et à l’allée descendante, mais plus à droite, et remplie de bruyères. Remonté ensuite au chêne, etc.

Rentré avec appétit, ce qui est le grand point pour que la digestion se fasse convenablement. Dîné dans mon atelier, où je suis mieux pour cela, et arpenté toute la soirée le logement en tous sens, car la pluie et l’obscurité rendent toute sortie bien difficile, le soir.