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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

Lundi 26 septembre. — Plafond de Saint-Sulpice. — Samson et Dalila[1].

Dessins d’après des costumes et armures pour la Jérusalem. — Les deux Marocains. — Le Christ portant sa croix[2]. — Tableau de Beugniet (Berlichingen). — Lion (id.). — Christ dans le bateau.

Mercredi 28 septembre. — Sept heures du matin, en me levant. — On ne se figure pas à quel point la médiocrité abonde : Lefuel[3], Baltard, mille exemples, qui se pressent, de gens chargés de grosses affaires dans les arts, dans le gouvernement, dans les armées, dans tout. Ce sont ces gens-là qui enrayent partout la machine lancée par les hommes de talent. Les hommes supérieurs sont naturellement novateurs. Ils arrivent et trouvent partout la sottise et la médiocrité qui tient tout dans sa main, et qui éclate dans tout ce qui se fait. Leur impulsion la plus naturelle les jette à redresser, à tenter des routes nouvelles, pour sortir de cette platitude et de cette sottise. S’ils réussissent et qu’ils finissent par avoir le dessus sur les routines, ils ont pour eux, à leur tour, les incapables, qui se font un mérite d’outrer leurs pratiques, et qui gâtent encore tout ce qu’ils touchent. Après ce

  1. Cette toile fut exécutée en 1854. « Elle était en 1875 chez le peintre Daubigny, qui l’avait payée de cinq à six mille francs. » (V. Catalogue Robaut, no 1238.)
  2. Voir Catalogue Robaut, nos 1313 et 1404.
  3. Lefuel était alors architecte du château de Fontainebleau. Après la mort de Visconti, en 1854, il fut chargé d’achever le nouveau Louvre.