Page:Delacroix - Journal, t. 2, éd. Flat et Piot, 2e éd.djvu/241

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
225
JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

Jeudi 7 juillet. — Travail tous ces jours-ci au maudit plafond par une chaleur étouffante, qui me fait bénir mon étoile d’être né dans un climat où on n’éprouve ce martyre que quelques jours de l’année.

Vendredi 8 juillet. — Dîné chez Véron, que j’avais rencontré il y a quelques jours sur le boulevard. Il m’avait complimenté sur mon article du Poussin. Jusqu’à présent, j’ai récolté un assez grand nombre de compliments à cette occasion. Cela me payera-t-il de l’ennui que j’ai eu à le faire ?

Véron me demande des notes sur moi et quelques gens de ma connaissance, dont il se servirait pour des Mémoires sur l’époque de la Restauration[1].

Adam[2] nous conte, entre autres traits de Cherubini, qui était inépuisable en boutades chagrines ou désobligeantes, qu’un graveur, ayant fait son portrait dans une médaille qu’il avait publiée, lui en apportait un certain nombre qu’il avait de reste, pensant qu’il en pourrait gratifier ses parents et amis ; il lui répond : « Je ne donne rien à mes parents et je n’ai pas d’amis. »

J’ai, ce matin, été à une commission à l’instruction publique, pour renouveler l’enseignement du dessin.

  1. Ce sont les Mémoires d’un bourgeois de Paris. Dans un chapitre intitulé : La Peinture et la Musique sous la Restauration, le docteur Véron, qui avait été le condisciple de Delacroix, a donné une sorte d’autobiographie du grand peintre, d’après les notes dont il est question ici.
  2. Le compositeur Adolphe Adam (1803-1856).