Page:Delacroix - Journal, t. 2, éd. Flat et Piot, 2e éd.djvu/238

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
222
JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

tombeau, du Belge[1], pour Thomas, le Christ dormant pendant la tempête pour Grzymala[2].

Je suis sorti aujourd’hui, vers deux heures, de mon travail où j’avais peint pour la première fois au plafond ; j’ai été voir la chapelle de Signol[3] à Saint-Eustache : c’est toujours la même chose que ce que font tous les autres. J’ai été ensuite chez Henry, pour la question de l’Institut[4], qui se présente fort mal.

Mercredi 29 juin. — Musique délicieuse chez l’aimable princesse Marcellini. Le souvenir de la fantaisie de Mozart, morceau grave et touchant au terrible,

    Journal, qu’une « toile — 0 m. 74 c. × 0 m. 60 c. — exposée au boulevard des Italiens en 1860. Elle appartenait alors à M. Davin. » M. Robaut ajoute, observation que confirme le Journal du maître : « En cette année 1853, Delacroix ne peint guère que des sujets religieux. »

  1. Delacroix veut parler du comte de Géloës, d’Amsterdam. (Voir Catalogue Robaut, no 1034.)
  2. Voir Catalogue Robaut, no 1219.
  3. Émile Signol, peintre, né en 1804, élève de Gros, auteur de la Femme adultère. En 1849, il se présenta à l’Institut en même temps que Delacroix, mais il n’a été élu membre de l’Académie des beaux-arts qu’en 1860. Il est mort récemment.
  4. Delacroix s’était déjà présenté quatre fois à l’Institut, et la dernière fois, en 1849, on lui avait préféré Léon Cogniet. Sa lettre de candidature en 1849 est curieuse. Après avoir énuméré les principales compositions qu’il a exécutées : Dante et Virgile, Massacres de Scio, le Christ au jardin des Oliviers, la Justice de Trajan, l’Entrée des croisés à Constantinople, Médée, les décorations du Luxembourg, du Palais-Bourbon, de la salle du Trône, l’Évêque de Liège, Marino Faliero, les Femmes d’Alger, il ajoutait ces quelques lignes, qui se passent aisément de commentaires : « C’est pour la quatrième fois que j’ai l’honneur de me présenter aux suffrages de l’Académie. Cette insistance et le désir très naturel de faire partie d’un corps illustre suffiront-ils pour faire excuser l’infériorité de quelques-unes des productions que j’ai mentionnées ? J’éprouve une juste défiance en approchant d’une réunion qui représente les traditions et les principes éternels qui ont été ceux du grand goût chez tous les artistes célèbres. »