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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

Dimanche 26 juin. — Ce matin, l’article du Poussin a paru. Hier encore j’écrivais à Mérimée que je n’avais pas de nouvelles, et le soir, à mon dîner, on est venu me faire corriger les épreuves à la hâte.

J’ai fait ma journée de travail à l’Hôtel de ville ; je suis revenu à pied.

Arrêté longtemps à Saint-Eustache, à entendre les vêpres : cela m’a fait comprendre, quelques instants, le plaisir qu’il y a d’être dévot… J’ai vu passer et repasser tout le personnel de l’église, depuis l’éclopé donneur d’eau bénite, affublé comme un personnage de Rembrandt, jusqu’au curé dans son camail de chanoine et sa chape de cérémonie.

Tout ce retard a été cause de la contrariété que j’ai éprouvée de trouver pour aujourd’hui, en rentrant, l’invitation d’aller dîner à Saint-Cloud. Elle y était depuis neuf heures du matin, avec une lettre de Vieillard. Je me suis pourtant remonté malgré ma fatigue et je m’en suis bien tiré.

Mardi 28 juin. — Depuis que je suis de retour de Champrosay, je ne peux plus écrire ici ; il m’a fallu employer tous mes moments pour terminer les tableaux que j’avais promis ; et depuis samedi 25, je suis retourné travailler à l’Hôtel de ville. J’ai fini, plus promptement que je ne l’aurais cru, le Christ en croix[1] pour Bocquet, la répétition du Christ au

  1. Il existe de nombreuses variantes de ce sujet dans l’œuvre du maître. D’après le Catalogue Robaut, il n’y a, se référant à la date du