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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

grande allée couverte remplie de bruyères. Sorti sur de grandes plaines vertes vers Soisy. Carrières reboisées. C’est le jour où j’avais trouvé le troupeau de moutons dans la grande allée ; je l’ai retrouvé là, au loin. Rentré dans la forêt par l’allée qui va au chêne Prieur, où il y a de l’eau.

Lundi 6 juin. — En ouvrant ma fenêtre ce matin par le plus délicieux temps du monde, qui donne tant de regrets de se plonger dans les paperasses, je vois deux hirondelles se poser dans l’allée du jardin ; je remarque quelles ne marchent que très lentement et en se dandinant. Quand elles veulent franchir un espace de deux pieds seulement, elles se mettent à voleter. La nature, qui les a si bien douées avec leurs grandes ailes, ne leur a pas donné des pieds aussi agiles.

Ce spectacle qu’on a de ces fenêtres est délicieux à toutes les heures du jour : je ne puis m’en arracher… L’odeur de la verdure et des fleurs du jardin ajoute encore à ce plaisir.

Mardi 7 juin. — Achevé l’article.

Vers quatre heures, promenade dans la forêt. J’y ai revu les mêmes objets que l’autre jour, dans cette allée qui va à l’Ermitage, éclairés de même ; et cependant ils ne m’ont pas fait le même plaisir.

Dîné chez Mme Barbier ; toute la soirée, on n’a parlé que de l’amour et de ses singularités. Elle a eu