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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

Je suis à flot : je sors des fatras et je rédige ; j’espère définitivement m’en tirer.

Après une journée fatigante, écrivant près de la fenêtre, par un soleil qui m’avait obligé de mettre un store de toile, je suis sorti vers quatre heures, et j’ai été délicieusement jusqu’au bout de l’allée de l’Ermitage. J’étais ravi…

Revenu dîner, et, après dîner, descendu vers la rivière ; côtoyé jusqu’auprès du pont, et revenu à travers le pré, dans le petit sentier tracé. Au lieu de prendre la ruelle, continué sur le coteau et revenu par le petit chemin habituel, au milieu des vignes et des blés verts. Le temps était orageux : les éclairs, quelques tonnerres, qui ont bien fini sans secousse.

Dimanche 29 mai. — Tous ces jours derniers se sont écoulés rapidement, moitié travaillant et moitié sortant, mais beaucoup moins le dernier, à cause de la pluie que nous avons depuis deux ou trois jours. Tantôt je veux jeter Poussin par les fenêtres, tantôt je le reprends avec fureur ou par raison.

Mme Barbier, qui est venue passer la journée, malgré cet affreux temps, m’a invité à dîner ; j’ai éprouvé dans la causerie de cette femme, qui a de l’esprit, le plaisir et le besoin que j’éprouve dans la conversation ; mais il faut avec l’esprit les petites manières du monde que les rustres de nos jours peuvent critiquer, mais qui ajoutent le piquant nécessaire. Nos pères devaient prodigieusement s’amuser, car