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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

cela me gâte bien des moments qui seraient agréables dans cette douce solitude.

Vers trois heures, promenade avec Jenny, qui est souffrante, vers le chêne Prieur.

Le soir, chez M. et Mme Beck, et revenu par un clair de lune délicieux. Les exhalaisons des plantes sont, en ce moment de la saison et à cette heure-là, d’un charme enivrant.

Mardi 24 mai. — Passé la journée presque seul : Jenny a été à Paris avec Julie, au-devant du vin. Travaillé toute la matinée et paperasse ou pris d’une belle ardeur.

La langueur est arrivée vers deux heures. Promenade vers Soisy, par les champs. J’ai été plus loin qu’à l’ordinaire, mais pas encore jusqu’à la grande allée ; je vais à la découverte comme Robinson ; je finirai par connaître les environs dans le rayon où mes jambes peuvent me porter.

Jenny revenue au moment où j’allais dîner avec un dîner froid. Mon dînera été installé autrement, et j’ai dîné plus gaiement.

Le soir, extases nombreuses devant les étoiles. Quel silence ! que de choses la nature accomplit au milieu de ce charme si majestueux ! Que de bruits, chez nous, qui doivent cesser sans laisser de traces !

Mercredi 25 mai. — Journée de travail complète.