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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

Lion de Van Thulden[1] sur son fond frotté d’une espèce de grisaille.

— Rubens indique souvent des rehauts avec du blanc ; il commence ordinairement à colorer par une demi-teinte locale très peu empâtée. C’est là-dessus, à ce que je pense, qu’il place les clairs et les parties sombres. J’ai bien remarqué cette touche dans le Calvaire. Les chairs des deux larrons très différentes, sans efforts apparents. Il est évident qu’il modèle ou tourne la figure dans ce ton local d’ombre et de lumière, avant de mettre ses vigueurs. Je pense que ses tableaux légers comme celui-ci, et un Saint Benoît, qui lui ressemble, ont dû être faits ainsi. Dans la manière plus sèche, chaque morceau a été peint plus isolément.

Se rappeler les mains de la Sainte Véronique, le linge tout à fait gris ; celles de la Vierge à côté, d’une sublime négligence ; les deux larrons sublimes de tout point… La pâleur et l’air effaré du vieux coquin qui est par devant.

Dans le Saint François cachant le monde avec sa robe, simplicité extraordinaire d’exécution. Le gris de l’ébauche paraît partout. Un très léger ton local sur les chairs et quelques touches un peu plus empâtées pour les clairs.

Se rappeler souvent l’étude commencée, de Femme au lit, il y a un mois environ ; le modelé déjà arrêté

  1. Théodore Van Thulden, peintre et graveur flamand (1607-1676).