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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

Je me suis arraché avec peine à cette lecture, pour m’habiller et aller dîner avec Mme Barbier et Mme Parchappe[1], M. et Mme Béal et M. Barbier, qu’on n’attendait pas et qui est arrivé au moment du dîner. En revanche, Mme Villot, qu’on attendait, a manqué de parole. Nous avons fait un fort bon dîner, avec le vin de Champrosay, que j’ai trouvé fort bon. M. Barbier a été au Salon, et j’ai vu en lui le goût bourgeois dans tout son lustre ; il n’a remarqué que ce qui lui allait, par conséquent peu de choses remarquables. Les portraits de Dubufe[2] ont emporté toutes ses prédilections, et ce nom a provoqué, parmi ces dames, une explosion d’admiration… Je me suis amusé médiocrement. — Rentré vers dix heures par un clair de lune délicieux, et promené un peu sur la route, avant de rentrer.

— M. Barbier m’a communiqué ses projets, pour faire quelque chose, dit-il, du jardin qui suffisait à son père. Un grand planteur de jardins lui élèverait à droite et à gauche, à partir de la maison, de grands monticules, et ne ferait qu’une pente jusqu’en bas, en supprimant la terrasse, le seul endroit où l’on puisse se promener, sans monter ou descendre. J’ai essayé

  1. Madame Parchappe, femme du général Parchappe (1787-1866), qui fit toutes les campagnes du premier Empire et plus tard servit en Afrique, de 1839 à 1841. Il était alors député au Corps législatif.
  2. Édouard Dubufe (1820-1883) exposait au Salon de 1853 les portraits de l’impératrice Eugénie, de la comtesse de Montebello et de la baronne de Hauteserve, qui obtenaient un grand succès mondain ; mais la critique et les artistes se montraient sévères pour cette peinture fade et maniérée.