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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

pas sous cet aspect que l’histoire prise en gros le considère ; on le croit communément un être froid et perfide. Les historiens, ou plutôt l’imagination de tout le monde, qui exagère tout, qui veut toujours des contrastes tranchés, en fait en tout l’opposé de François Ier, qui ne nous apparaît qu’avec les qualités d’un joyeux compère, très brave et très étourdi. Charles-Quint a eu, comme un autre, ses faiblesses ; il était très brave aussi et plein de bonté et d’indulgence pour ceux qui l’approchaient. Le chagrin qu’il conçut de la mort de sa dernière femme contribua beaucoup à lui faire prendre la résolution qui mit fin à son rôle sur la scène du monde.

— Le soir de ce jour, sorti après dîner pour faire une promenade. Encore tout échauffé de mon repas et de cette lecture, j’ai cheminé dans les petits sentiers du coteau, encore tout mouillés par la pluie.

J’ai éprouvé un sentiment de malaise, qui ne s’est calmé que quand je suis rentré à la maison, où je me suis promené en tous sens, pendant près d’une heure, avant de me coucher.

Lundi 16 mai. — Passé toute la journée dans ma chambre à paresser délicieusement, à écrire un peu sur ce livre, et à lire la Revue britannique, surtout le morceau de la nièce blanche de l’oncle Tom, quand l’Américain Jonathan traverse l’Afrique, sur un dromadaire, pour aller chercher sa maîtresse arabe, au centre de ce continent.