Page:Delacroix - Journal, t. 2, éd. Flat et Piot, 2e éd.djvu/209

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
193
JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

inhabiles, la disposition, le caractère, une certaine empreinte ineffaçable montrent la main et la conception d’un grand artiste.

Reçu dans la soirée une lettre de Riesener, qui me demande de le recevoir avec Pierret ; aussi de Mme de Forget, dont le fils est parti pour voyager avec un médecin, mais sur l’état duquel elle n’est pas rassurée, d’après les lettres qu’elle a reçues.

Samedi 14 mai. — J’ai beaucoup travaillé toute la matinée à extraire des notes, pour la partie historique du Poussin. Il y a peu de jours où je me livre à ce travail avec beaucoup d’entrain ; d’autres où il me répugne horriblement. Quoi qu’il en soit, je persévère et j’espère que j’en viendrai à bout : ce sera une raison de rester ici un peu davantage.

Vers trois heures, j’ai fait une promenade à travers le village, pour aller à l’autre extrémité ; je comptais, en passant, voir le maire et acheter des cigares ; je n’ai eu de succès que dans cette dernière tentative ; mais j’ai fait en chemin toutes sortes de rencontres, qui m’ont donné de l’ennui, parce quelles me présagent la fin de la tranquillité dont je jouis. Toute la maison Barbier va venir demain, et s’installer pour deux jours ; Mme Villot peut-être demain… Que le ciel les conduise !

— L’entrée de la forêt, celle que je prenais quand j’étais dans mon premier logement, m’a paru charmante, surtout l’allée qui conduit au chêne d’Antain.